J'ai choisi le nom Bangla Begum parce que c'est en Inde que j'ai commencé ma carrière dans le monde des bijoux. J'y ai travaillé et vécu pendant près de dix ans. Je vivais au Rajasthan, mais j'ai découvert la joaillerie avec des karigars bengalis, et je voulais rendre hommage à cette tradition. 

Bien que mes produits et ma direction artistique n'aient rien d'indien ou de bengali, je voulais qu'un aspect de ma marque reflète le début de ma carrière et les personnes avec qui j'ai appris la joaillerie, d'où ce nom.

Il était également important pour moi de choisir un nom avec un héritage musulman, car l'une des raisons pour lesquelles j'ai fini par quitter l'Inde était ma tristesse et mon horreur face à la façon dont la communauté musulmane, de plus en plus, est prise pour cible par les nationalistes hindous dans ce pays, et la façon dont la culture musulmane est effacée de la narration officielle de l'Inde. 

Cela peut sembler très peu, mais le fait d'avoir Bangla Begum comme nom de marque est pour moi une façon de rendre cet héritage visible. D'autant plus que la situation est également inquiétante en France. D'ailleurs, quelques personnes ont essayé de me dissuader de choisir un nom musulman pour ma marque, mais j'étais déterminée !

Ce qui m'amène à un autre point, ou peut-être simplement à une réponse aux remarques que l'on me fait parfois sur le fait que je "profiterais" de la culture bengalie : je ne pense pas que le nom de ma marque profite à mon business ! Si j'avais voulu un nom de marque efficace, j'aurais choisi un mot unique, court et simple, avec peut-être un détail typiquement français (un accent aigu par exemple). Je pense que le nom Bangla Begum rend ma marque légèrement obscure pour mon audience.

Par ailleurs il me semble - mais je comprends que certaines personnes pensent autrement - que créer des produits et des images tirés de la culture indienne et/ou bengalie, voilà ce qui serait, pour moi, de l'appropriation. De mon côté, j'ai choisi le nom Bangla Begum comme un hommage, une sorte de souvenir étincelant, et non comme un corpus d'images et de designs dont je me sers dans mon travail. 

En résumé, le nom de ma marque est un peu dissocié de mes produits et constitue un hommage au pays où ma carrière dans les bijoux a commencé. Je ne pense pas que ce nom aide ma marque, ou qu'il représente un avantage pour moi. C'est simplement mon histoire, et même si elle est bizarre, ça reste mon histoire.

Les deux ! Je suis dans une relation libre avec les bijoux. J'aime la façon dont les bijoux fantaisie nous permettent de jouer et d'expérimenter, en tant que clients et en tant que créateurs, mais j'aime aussi l'or, les diamants taillés à l'ancienne et les pierres précieuses bizarres.

J'ai toujours été frustrée par la segmentation du monde de la bijouterie : selon les marques, il n'y a souvent que de l'or, ou que de la bijouterie fantaisie, ou que des bagues de fiançailles. Même les ateliers fonctionnent de cette manière, or ils utilisent les mêmes techniques !

Avec Bangla Begum, je ne voulais exclure personne, mais je ne voulais pas non plus me limiter. Et je pense que mon audience apprécie cela. Les gens, globalement, comprennent que certaines pièces sont spectaculaires et difficiles à réaliser, donc chères, et que d'autres sont plus amusantes et abordables. En fait, je pense que les clients sont très sophistiqués et qu'ils comprennent tout - on les sous-estime !

Je dis que je fais des bijoux poético-politiques. Si vous préférez un mot plus joli, je suis également ok avec le terme "bijoux littéraires" ! Un de mes amis dit quant à lui que je fais des "bijoux culottés", un terme que j'aime beaucoup aussi.

J'essaie en effet de mettre du sens et de l'humour dans mes pièces et il y a un élément narratif important dans tout ce que je fais. La littérature et les mots, sont très importants pour moi et cela se voit - en tout cas je l'espère.

Ce qui est sûr, c'est que pour moi, le bijou n'est pas un simple accessoire. C'est un medium, un bouclier, un talisman, parfois une arme, et au minimum une histoire. Si vous voulez en savoir plus sur cette idée, mon amie Nathalie a écrit un très beau texte à ce sujet ici.

Je voulais créer une chevalière pour me moquer (gentiment !) des chevalières. Et quoi d'autre qu'un téton pour rire de ce bijou très sérieux ?

Mais lorsque le premier prototype est revenu de l'usine, la plaisanterie s'est transformée en... autre chose. Quelque chose de puissant à propos des femmes, comme un écho grave à ma facétie initiale.

Une cliente m'a dit que sa bague Boob était son "petit totem de tout" - et j'aime beaucoup cette idée.

Le délai de livraison de chaque bijou est mentionné sur la page du produit.

La bague Boob, la bague Marcellus, la bague Magic, le collier Carl Gustav Dante, le vase Travel et les boucles d'oreilles Ada sont produits à la commande. 

Le reste est produit régulièrement, mais en petites quantités.

Nous fabriquons la plupart de nos bijoux nous-mêmes dans notre atelier parisien. Mais nous travaillons également avec d'autres ateliers français. La dorure, la peinture et le vernis de nos bijoux sont réalisés en région parisienne. Notre émailleuse (que nous adorons !) se trouve en Vendée. Et la bague Boob est fabriquée dans une usine prestigieuse de l'Est de la France.

Nous commandons également autant que possibles nos apprêts, des chaînes aux fermoirs en passant par les anneaux, auprès de fournisseurs locaux. Certains éléments spécifiques proviennent de Chine et certaines de nos chaînes, d'Allemagne. 

Mais seule la bague Magic est entièrement fabriquée à l'étranger, en Italie, car la glyptique (l'art de graver les pierres précieuses) n'existe plus vraiment en France.

Notre packaging est notre fierté et notre joie :-)

Nous utilisons des pochons fabriquées avec du linge ancien et des boîtes faites sur mesure avec du papier fabriqué à partir de gobelets recyclés. Par ailleurs, toutes nos boîtes en papier sont fabriquées en Espagne.

Nos boîtes d'expédition sont en papier kraft non traité et viennent d'Autriche. Quant à nos cartes, nos cartes postales et la frisure à l'intérieur de nos boîtes d'expédition, ils sont 100 % recyclés. 

Pour nos bijoux précieux nous utilisons soit des écrins anciens provenant du monde entier, soit de luxueux écrins fabriqués sur mesure en Asie.

Éthique peut signifier beaucoup de choses différentes !

Techniquement, pour qu'une pièce de métal soit considérée comme éthique, il faut que l'ensemble du cylindre de fonte utilisé pour fabriquer la pièce soit rempli de métal d'origine éthique. Malheureusement, pour le moment, notre production est trop petite pour remplir un cylindre entier, et il n'y a pas assez de métal éthique disponible pour que notre usine principale passe entièrement au métal éthique. Et croyez-moi, nous leur avons demandé !

Cela dit, les usines françaises respectent déjà des normes extrêmement strictes en matière de traçabilité des métaux et de traitement des eaux usées, ce qui se trouve être, si vous voulez mon avis, le réel enjeu environnemental dans le processus fabrication de bijoux (mais nettement moins glamour que de décrire son métal comme "équitable"). 

Pour moi, produire de manière respectueuse, en petites quantités et en travaillant avec des ateliers locaux que nous payons équitablement, est un vrai choix, parfois difficile, et absolument éthique.